La 30e édition du D’Jazz Nevers Festival ouvre ses portes
Le D’Jazz Nevers Festival, défenseur d’un jazz pluriel et singulier, français et européen, a monté une 30e édition haut de gamme, avec notamment à l’affiche, entre le 5 et le 12 novembre, Daniel Humair, Michel Portal, Joachim Kühn et Sylvain Kassap, des compagnons de la première heure. Culturebox retransmet certains concerts du festival.
Les internautes pourront retrouver sur Culturebox les retransmissions « live » du trompettiste Avishai Cohen, du guitariste John Scofield, de la comédienne Anne Alvaro et du trio François Raulin / François Corneloup / Ramon Lopez, et enfin du Magnetic Ensemble (invité : François Corneloup).
Pour les veinards qui se trouveront du côté de la Bourgogne dans les prochains jours, trois pointures de la scène européenne du jazz, le batteur Daniel Humair, le clarinettiste et saxophoniste Michel Portal, et le pianiste allemand Joachim Kühn, se produiront le 10 novembre à la Maison de la Culture de Nevers, dans un quartette complété par le contrebassiste Bruno Chevillon qui a fréquenté diverses formations de Daniel Humair. Bien d’autres membres éminents de cette famille d’artisans d’une musique conjuguant l’écriture contemporaine, l’improvisation, le free jazz en y associant parfois d’autres formes artistiques (photo, danse…) sont de cette édition anniversaire du festival D’Jazz Nevers.
« Un festival de fidélités »
« C’est un festival de fidélités », souligne auprès de l’AFP Roger Fontanel, créateur en 1987 du D’Jazz Nevers Festival, dont il est toujours le directeur. « Il y a des concerts qui mettent quand même l’accent sur la jeune scène d’aujourd’hui, on pense à Joachim Florent, au Magnetic Ensemble, au Quatuor Machaut, Roberto Negro, Théo Ceccaldi… », précise-t-il néanmoins, soucieux de « montrer qu’on est à l’affût » de la scène actuelle.
Roger Fontanel, originaire du Creusot, est un pur produit de la politique de décentralisation théâtrale et culturelle, avec une formation d’animateur et d’administrateur d’établissements culturels. Il a lancé le festival en 1987 alors qu’il était en poste à la Maison de la Culture de Nevers. Grâce à la ténacité de cet homme de 63 ans, cette petite ville de quelque 35.000 habitants est devenue un bastion du jazz contemporain.
Des concerts « dans des lieux inattendus »
En 30 ans, son festival est passé d’une petite dizaine de concerts à près d’une quarantaine aujourd’hui. Pour marquer cette édition à chiffre rond, Roger Fontanel propose cette année des concerts « dans des lieux inattendus qui vont permettre de revisiter le patrimoine religieux et républicain de la ville ». Le Palais ducal, considéré comme le premier château sur la Loire (construit aux XVe-XVIe siècles), la cathédrale Saint-Cyr mêlant roman et gothique, l’église contemporaine Sainte-Bernadette du Banlay, sorte de cuirasse en béton dessinée par l’architecte Claude Parent, le Musée de la faïence, sont quelques-uns de ces lieux qui jalonnent l’histoire de Nevers.
Sa ligne artistique très déterminée n’empêche pas le festival de programmer aussi des musiciens plus « grand public », comme l’éclectique trompettiste Erik Truffaz (en quartet, 5 novembre) et l’illustre guitariste américain John Scofield qui présente son album « Country for old men » (12 novembre). « Ces têtes d’affiche sont nécessaires dans un festival implanté dans une ville moyenne, avec un bassin de population restreint, où il s’agit de toucher un public plus large en lui fournissant plusieurs clés d’entrée », souligne le directeur.
Le festival a aussi cassé sa tirelire pour présenter plusieurs big bands. Ainsi, le Brotherhood Heritage réinventera la musique du Sud-africain Chris McGregor, leader dans les années 1960/70/80 du Brotherhood of Breath, un big-band mêlant free jazz et musique zulu. « Chris McGregor était présent lors de la troisième édition du festival », rappelle Roger Fontanel. Encore une histoire de fidélité.